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Tout savoir sur l’ARENH

Publié le 6 juin 2023

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L’ARENH : à quoi il sert et comment il fonctionne ?

L’ARENH, ça ne vous dit peut-être pas grand chose. Pourtant, derrière cet acronyme un peu barbare se cache un dispositif dont bénéficie un grand nombre de consommateurs d’électricité. Sans lui, l’offre disponible pour les particuliers comme pour les entreprises serait moins vaste et variée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Concrètement, l’ARENH permet aux fournisseurs alternatifs d’énergie d’acheter de l’électricité issue de centrales gérées par EDF, dont les coûts ont déjà été amortis, pour pouvoir ensuite la revendre à leurs clients à un tarif avantageux. On vous explique dans quel cadre il a été mis en place et comment il fonctionne. Suivez le guide ! 

Qu’est-ce que l’ARENH ?

Entré en vigueur le 1er juillet 2011, l’ARENH, pour « Accès régulé à l’électricité nucléaire historique », a été mis en place dans le cadre de la loi NOME. Ce dispositif a permis de favoriser l’apparition de nouveaux acteurs indépendants sur le marché de la fourniture d’électricité afin que chaque consommateur puisse profiter d’une offre adaptée à ses besoins au meilleur tarif possible.

L’ARENH donne en effet la possibilité aux fournisseurs alternatifs d’énergie d’acheter de l’électricité à EDF à prix coûtant pour la revendre au même prix au détail à leurs clients (particuliers, professionnels ou entreprises). Voilà pour les grandes lignes. Entrons maintenant dans le détail pour bien comprendre comment fonctionne l’ARENH.

Le contexte : la libéralisation du secteur de l’électricité 

Pour faire la lumière sur l’ARENH et comprendre pourquoi il a été créé, il faut remonter dans le temps. À la fin de la 2nde guerre mondiale, l’ensemble du secteur de l’électricité a été nationalisé et confié à un unique acteur : Électricité de France (EDF). Créé en 1946, cet établissement public a été chargé de produire de l’électricité, de la commercialiser et de la distribuer jusqu’au compteur de chaque abonné, et ce sans aucun concurrent pendant plus de 50 ans.

Cette situation de monopole a pris fin en 1999 avec l’ouverture du secteur de l’énergie à la concurrence suite à l’adoption d’une directive européenne. À compter de cette date, les industriels ont pu choisir un autre fournisseur qu’EDF pour leurs approvisionnements. Ce fût ensuite au tour des professionnels en 2004, puis des particuliers dès 2007. C’est dans ce contexte de libéralisation du secteur de l’énergie que sont apparus les premiers fournisseurs alternatifs.

Cette mise en concurrence avait pour objectif premier de servir les intérêts du consommateurs en entraînant une baisse des prix.

Qu’est-ce qu’un fournisseur alternatif d’électricité ?

Vous vous en doutez sûrement mais cette appellation n’a absolument rien à voir avec le courant alternatif. Les fournisseurs alternatifs, ce sont tous les fournisseurs à l’exception d’EDF, qu’on considère comme le fournisseur historique d’électricité.

 

L’ARENH, un outil de la libre concurrence

Un problème de taille empêchait toutefois le développement de nouveaux acteurs. EDF possédaient toujours l’immense majorité des sources de production d’électricité du pays, un certain nombre de barrages hydrauliques et surtout des centrales nucléaires, dont les coûts de construction, financés par le contribuable, étaient déjà amortis au moment de l’ouverture à la concurrence.

Avec un parc déjà financé, le fournisseur historique gardait donc l’avantage face à tous les nouveaux entrants qui ne disposaient pas de leurs propres sources de production électricité.

Concrètement, les conditions d’une libre concurrence n’étaient pas réunies. Mais alors comment faire pour permettre aux fournisseurs alternatifs d’exister aux côtés d’EDF et de proposer des tarifs attractifs sans qu’ils aient à investir des sommes colossales pour se doter à leur tour de leurs propres moyens de production sans bénéficier du soutien de fonds publics ?

C’est précisément là que l’ARENH entre en jeu. En donnant la possibilité aux nouveaux entrants d’acheter de l’électricité bon marché issue d’un parc de production amorti – et par ailleurs entièrement financé par les contribuables – fournisseur historique et fournisseurs alternatifs pouvaient désormais jouer à armes égales. Pour les consommateurs, ce dispositif qui rétablit une forme d’équité, leur donne l’assurance de profiter des tarifs les plus justes et les plus avantageux possibles.

Qu’est-ce que la loi NOME ?

Entrée en vigueur en 2011, la loi NOME, pour « Nouvelle organisation du marché de l’électricité », regroupe un ensemble de mesures permettant la libéralisation du secteur, sans pour autant obliger EDF à séparer ses activités de production et de fournisseur. Elle garantit notamment aux fournisseurs alternatifs un accès à l’électricité aux mêmes conditions qu’EDF.

Elle permet également aux consommateurs de choisir librement leur fournisseur d’énergie et d’en changer quand bon leur semble, même en ce qui concerne les clients particuliers, sans frais de résiliation et sans engagement quelconque. Elle les autorise aussi à revenir à tout moment chez le fournisseur historique. C’est le principe de réversibilité.

 

Comment fonctionne l’ARENH ?

Le dispositif de l’ARENH est géré par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Cet organisme public est chargé de fixer le prix auquel les fournisseurs alternatifs peuvent acheter de l’électricité à EDF sans léser ni le fournisseur historique, ni le consommateur final. Il a également pour mission de déterminer le volume total d’électricité concerné par ce dispositif et fixe des plafonds pour chaque fournisseur souhaitant en profiter.

Comment est fixé le prix de vente de l’ARENH ?

Le premier rôle de la CRE est de calculer le prix auquel EDF doit revendre son électricité aux fournisseurs alternatifs. Pour ne léser personne, ni EDF, ni les fournisseurs alternatifs, ce prix de vente doit correspondre au coût réel de production de l’électricité. De cette manière, les fournisseurs alternatifs disposent d’une électricité au même prix que ce qu’elle coûte à EDF. Ce coût de production, et donc de vente, a été fixé par décret à 42€ le MWh à compter du 1er juillet 2012.

En réalité, le coût de production de l’électricité d’origine nucléaire serait même légèrement inférieur à ce montant. Il serait plutôt compris entre 36 et 39€ le MWh. L’écart avec le prix de vente de l’ARENH a été prévu pour anticiper les investissements d’EDF nécessaires à la mise en sécurité et à la modernisation de son parc nucléaire. C’est une manière de faire contribuer l’ensemble des fournisseurs à l’entretien des sites de production dont ils bénéficient. 

Un rapport de la cour des comptes de juillet 2022 estime ainsi que sur la période 2011-2021, l’ARENH a non seulement intégralement compensé les coûts de production mais a également généré un excédent pour EDF de l’ordre de 1,75 milliards d’euros.

Hausse du prix de vente de l’ARENH en 2022

Si le prix de vente de l’ARENH est resté inchangé depuis 2012, son prix a partiellement été porté à 46,50 € le MWh en 2022, mais uniquement pour une quantité d’ARENH supplémentaire (20 TWh) mise à disposition des consommateurs français de manière exceptionnelle, à la demande du Gouvernement. Cela a permis de compenser une partie de la forte hausse des prix de l’électricité sur les marchés que le Gouvernement n’a pas voulu laisser se répercuter sur les factures des particuliers.

 

Quel est le volume d’électricité concerné par ce dispositif ?

Le plafond de l’ARENH a été fixé à 100 TWh par l’arrêté du 28 avril 2011. Ce volume correspond à peu près au quart de l’électricité produite chaque année par EDF (soit 431 TWh en 2022). Comme indiqué préalablement, le plafond de l’ARENH a été porté exceptionnellement à 120 TWh en 2022, afin de limiter en partie les effets de la hausse brutale des cours du kWh sur le prix de revente de l’électricité au détail, puis est revenu à son niveau initial en 2023.

Toutefois, cette limite n’est pas répartie mécaniquement selon les demandes : un coefficient de bouclage est appliqué pour ajuster les quantités effectivement allouées, en fonction de la part réelle du nucléaire dans la consommation nationale.

Depuis le 1er janvier 2024, ce coefficient a été abaissé de 0,964 à 0,844, selon un arrêté publié le 24 août 2023. Cette réduction de 12,45 % reflète une baisse de la disponibilité du parc nucléaire et des problèmes techniques rencontrés sur certaines centrales.

La baisse du coefficient de bouclage entraîne une diminution du droit ARENH des consommateurs, ce qui signifie que les fournisseurs doivent acheter une plus grande part de l’électricité sur le marché, à des prix potentiellement plus élevés.

Les demandes d’ARENH : Processus de distribution entre fournisseurs

Pour répartir le volume d’électricité concerné par ce dispositif entre les différents acteurs, la CRE recueille auprès de ces derniers des demandes dARENH. Ces demandes sont basées sur une estimation des besoins de leurs clients pour l’année à venir. Pour éviter les abus, elles doivent être le plus juste possible sous peine de devoir payer d’importantes pénalités.

Retrouvez dans le tableau ci-dessous l’historique des demandes d’ARENH déposées par l’ensemble des fournisseurs alternatifs ayant signé un accord cadre avec EDF :

Année de livraisonDate limite de dépôts des demandesVolume total demandé (en TWh)
201330 novembre 201240
201429 novembre 201336
201528 novembre 201433
201630 novembre 20152
201730 novembre 201630
20181er décembre 201795
201930 novembre 2018133
202029 novembre 2019147
202130 novembre 2020146
20221er décembre 2021160
20231er décembre 2022148
20241er décembre 2023130
202529 novembre 2024135
Historique des demandes d’ARENH

Depuis 2019, vous constaterez que le total des demandes d’ARENH dépasse assez largement le plafond des 100 TWh alloué au dispositif. Chaque fournisseur ne reçoit donc qu’un pourcentage de son droit à l’ARENH en proportion de ses besoins.

Pour l’année 2025 par exemple, 107 fournisseurs ont déposé des demandes pour un total de 135,04 TWh d’électricité. 74,12% de leurs demandes pourront donc être satisfaites et 25,88% ne pourront pas l’être. C’est ce qu’on appelle le taux d’écrêtement de l’ARENH.

Comment les fournisseurs compensent les volumes écrêtés ?

Pour satisfaire les besoins de leurs clients, les fournisseurs d’énergie doivent acheter sur le marché l’électricité qu’ils n’ont pas pu obtenir via le dispositif de l’ARENH. Ils sont alors soumis aux cours internationaux du MWh d’électricité et si il y a une différence, elle est répercutée via une formule aux consommateurs. Ces derniers ont atteint en 2022 des niveaux historiquement élevés, jusqu’à 30 fois supérieurs au prix de vente de l’ARENH. Cependant, l’écart entre le prix de l’ARENH et les prix du marché en 2024 et 2025 est moins prononcé qu’en 2022, réduisant ainsi l’impact sur les factures des consommateurs.

Le dépassement du plafond de l’ARENH reflète à la fois la forte augmentation des prix sur les marchés, ainsi que la place de plus en plus importante qu’occupent les fournisseurs alternatifs sur le marché de l’électricité français. L’objectif initial, qui était d’encourager le développement de nouveaux acteurs à des niveaux de prix compétitifs a donc été atteint. Mais en devenant systématique année après année, le dépassement du plafond illustre aussi les limites de ce mécanisme. Il apparaît donc nécessaire de le réformer pour pouvoir poursuivre la libéralisation du secteur.

Un dispositif protecteur pour les consommateurs ?

En permettant aux clients des fournisseurs alternatifs et du fournisseur historique d’électricité de bénéficier d’un tarif du kWh qui est l’un des plus bas de la Zone Euro, l’ARENH est un dispositif protecteur pour les consommateurs. Il permet au plus grand nombre, particuliers, professionnels et entreprises, de profiter du parc de production national bâti au fil des dernières décennies grâce à la dépense publique. Sans plafond, ils seraient encore plus nombreux à pouvoir en profiter.

L’ARENH joue également un rôle essentiel dans le maintien des tarifs réglementés de vente de l’électricité. Pendant la récente crise de l’énergie, il a également grandement facilité la mise en place du bouclier tarifaire dont ont bénéficié la plupart des abonnés d’EDF mais aussi des fournisseurs alternatifs.

Quel avenir pour le dispositif de l’ARENH ?

Après plus d’une décennie d’existence, l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH) vit ses derniers mois. Sa fin officielle est prévue pour le 31 décembre 2025, marquant une étape majeure dans la régulation du marché français de l’électricité.

Au fil des années, le mécanisme a montré ses limites : asymétrie en cas de baisse des prix de marché, arbitrages financiers opportunistes, écrêtement croissant face à une demande excédant le volume alloué.

Face à ce constat, le Gouvernement et la Commission de régulation de l’énergie ont envisagé plusieurs scénarios pour remplacer l’ARENH. Les contrats pour différence (CFD), souvent utilisés pour les énergies renouvelables en Europe, ont un temps été envisagés pour garantir une rémunération stable aux producteurs tout en amortissant les chocs de marché. Mais cette option a finalement été écartée au profit d’un mécanisme inédit : le Versement Nucléaire Universel (VNU).

Le Versement Nucléaire Universel : une nouvelle logique de marché

Acté dans la Loi de Finances 2025, le VNU entrera en vigueur le 1er janvier 2026. Il permettra à EDF de vendre l’intégralité de sa production nucléaire directement sur le marché de gros. Le prix de référence se situera entre 60 et 70€/MWh, bien au-delà du tarif ARENH.

Pour contenir les effets d’une libéralisation totale, un système de taxation progressive s’appliquera à EDF lorsque les prix dépasseront certains seuils :

  • 50% des revenus excédentaires seront prélevés entre 70€ et 110€/MWh,
  • puis 90% au-delà de 110€/MWh.

Les recettes générées par cette taxation seront redistribuées aux consommateurs sous forme de versement nucléaire universel. Ce mécanisme vise à protéger les ménages et les entreprises contre les hausses excessives des prix de l’électricité.

Une régulation et une surveillance renforcées

La fin de l’ARENH marque également une transition vers un modèle où le marché de gros de l’électricité joue un rôle prépondérant dans la formation des prix. C’est dans ce contexte que la CRE a renforcé sa surveillance du marché. Le bulletin trimestriel publié en avril 2025 souligne l’amélioration de la liquidité du marché à terme, notamment après la fin de l’ARENH, avec suffisamment d’offres et de volumes pour que les fournisseurs puissent s’approvisionner et se couvrir sur plusieurs années à des prix relativement compétitifs.

Cependant, la question reste entière : comment le marché va-t-il réagir à partir de 2026, lorsque les prix de gros deviendront la référence pour les consommateurs ? Si, pour l’instant, les prix sont plutôt favorables (autour de 60€/MWh pour les années 2026-2028), il demeure un risque de volatilité importante. La CRE surveille de près l’évolution des prix, notamment sur les échéances longues, pour garantir une couverture adéquate des besoins des consommateurs et éviter toute manipulation des prix.

Et la bellenergie dans tout ça ?

Chez la bellenergie, nous passons en partie par l’ARENH pour satisfaire les besoins de nos clients et leur offrir le prix le plus compétitif possible comme le font la totalité des fournisseurs alternatifs d’électricité. En ce qui nous concerne, nous achetons en parallèle des Garanties d’Origine (GO). Cela nous permet de nous assurer que pour chaque kWh consommé par nos clients, un kWh d’électricité renouvelable produit en France est injecté dans le réseau électrique. 

Nous soutenons ainsi des producteurs d’énergie renouvelable et permettons d’entretenir et de développer leurs structures pour encourager le secteur des énergies vertes. C’est notre engagement pour le respect de l’environnement et de la planète que nous partageons tous.

En souscrivant une offre d’électricité verte chez la bellenergie, vous contribuez ainsi à la transition énergétique. Vous bénéficiez d’une électricité d’origine renouvelable et 100% produite en France. Mais parce que nous pensons que mieux consommer ne doit pas vous coûter plus cher, nos tarifs sont très compétitifs comparés aux tarifs réglementés de vente proposés par le fournisseur historique. 

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