Fin de l’ARENH et nouveau mécanisme du VNU
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Fin de l’ARENH, nouveau mécanisme du VNU : quel avenir pour l’électricité en France ?

Publié le 25 novembre 2025

Une nouvelle ère pour le marché de l’électricité

Le paysage de l’électricité française s’apprête à vivre un tournant historique. À la fin de l’année 2025, le mécanisme de l’ARENH, qui depuis 2011 a permis à l’ensemble des consommateurs français (particuliers, entreprises, collectivités), quel que soit leur fournisseur, l’accès à des prix très bas issus de la production nucléaire historique, tirera définitivement sa révérence. 

Une page se tourne, et avec elle s’ouvre une nouvelle ère pour le marché de l’électricité en France. 

Pendant plus d’une décennie, l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) a joué un rôle clé dans le marché de l’énergie. Il a permis de faire bénéficier tous les français de la « rente » nucléaire, c’est-à-dire d’une électricité à bas coût liée à l’amortissement des investissements réalisés pour construire le parc nucléaire historique dans les années 70. Ce mécanisme a également été conçu pour limiter la situation dominante du fournisseur historique, EDF, dans sa double casquette de producteur et de fournisseur, tout en stabilisant les prix pour les consommateurs. Grâce à ce mécanisme, le lien entre le coût de production issue de l’investissement collectif dans le nucléaire et la facture d’électricité des Français est resté équilibré. 

Mais le contexte financier d’EDF – tout comme celui de l’État redevenu son actionnaire à 100% – a profondément changé. 

La fin de l’ARENH ne se résume donc pas à une simple réforme administrative. Elle ouvre un nouveau chapitre pour tous les consommateurs du marché de l’électricité, désormais totalement exposés aux fluctuations des prix du marché de l’électricité

Mais d’abord, comment fonctionne le marché de gros de l’électricité 

Pour comprendre les enjeux liés à la fin de l’ARENH, il faut d’abord savoir comment se forme le prix de l’électricité sur le marché de gros. Par marché de gros, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) entend « le marché où l’électricité est négociée (achetée et vendue) avant d’être livrée aux clients finaux (particuliers ou entreprises) via le réseau ». 

Il est essentiel pour assurer l’équilibre entre l’offre (production + importations) et la demande (consommation + exportations) car l’électricité ne se stocke que très peu. Trois types d’acteurs principaux y interviennent : producteurs (nucléaire, renouvelables, fossiles), fournisseurs et négociants

Bien que le montant des factures ne dépende pas uniquement du prix de l’électricité (mais aussi de taxes), l’évolution de ces marchés influence fortement les tarifs payés par les consommateurs. Lorsque les prix de gros s’envolent, le coût d’approvisionnement des fournisseurs augmente à son tour. 

Deux grands segments structurent le marché de gros : 

  • Le marché spot (court terme) : il concerne les échanges pour une livraison immédiate ou le lendemain ; 
  • Le marché à terme (forward / long terme) : il permet d’acheter de l’électricité pour les mois ou années à venir. 

En d’autres termes, le marché de gros fonctionne comme une « place de marché » où le prix de l’électricité se fixe en permanence en fonction de l’offre et de la demande.

fin de l’ARENH

Qu’est-ce que l’ARENH ? Retour sur un mécanisme clé du marché français

Pourquoi ce dispositif a-t-il été créé ?

Adoptée en 2011, la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité) voulait accélérer l’ouverture à la concurrence en France. 

L’État a créé l’ARENH, Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique, pour garantir un accès équitable à la production nucléaire à tous les consommateurs français.  

Ce dispositif a permis en effet à l’ensemble des consommateurs du territoire national d’acheter – via leur fournisseur – une partie de leur consommation d’électricité (entre 50 et 70%) à un prix régulé, souvent moins élevé que les prix de marché. Ce mécanisme, en permettant d’éviter de dépendre totalement des marchés de gros, a pu donner de la visibilité aux consommateurs et, dans les périodes de prix de marché élevés (et notamment pendant la crise de 2022 et 2023), de réduire les factures des Français. 

En toile de fond : la construction d’un marché européen de l’électricité et la nécessité d’un cadre clair pour former les prix, sans qu’EDF ne puisse user de sa situation dominante – issue de son monopole historique – dans la production et la fourniture. 

Comment l’ARENH fonctionne

  • Un prix régulé unique : 42€/MWh fixé par la CRE
  • Un volume annuel plafonné : les demandes sont limitées à 100 TWh par an pour l’ensemble des fournisseurs ; 
  • Quand la demande dépasse le plafond : on applique l’écrêtement ; chacun voit sa demande réduite au prorata, et le reste doit être acheté sur le marché

Résultat : un prix moyen d’approvisionnement lissé grâce à ce volume d’électricité à prix fixe, ce qui contenait la facture des ménages, des entreprises et des collectivités. L’ARENH a donc pesé directement dans la fixation des prix au détail, en amortissant les à-coups des marchés. 

Pour en savoir plus sur l’ARENH, découvrez notre article de blog dédié, qui vous explique en détail son fonctionnement. 

Ce que l’ARENH a réellement apporté 

  • Ouverture à la concurrence 

En donnant à tous les fournisseurs alternatifs un accès au nucléaire historique d’EDF, l’ARENH a posé les bases d’un marché de l’électricité plus concurrentiel. Résultat : davantage d’offres pour les particuliers, des positionnements prix différenciés et plus d’innovation. 

  • Repère de prix & stabilisation 

Le prix régulé de 42€/MWh a servi de barre de référence dans les portefeuilles d’approvisionnement. En pratique, il a lissé la volatilité des marchés de gros et contribué à maîtriser la facture d’électricité lorsque les cours s’emballaient. 

  • Protection des consommateurs en période de tension 

Dans les phases de hausse rapide, l’accès à une part de volumes à prix régulé a joué un rôle d’amortisseur. Ce « socle » a limité, au moins partiellement, la transmission immédiate des chocs de prix aux ménages, ainsi qu’aux industriels, entreprises et collectivités. 

Les conséquences de la fin de l’ARENH 

Pourquoi l’ARENH s’arrête fin décembre 2025  

La fin de l’ARENH au 31 décembre 2025 n’est pas une simple décision conjoncturelle : elle découle directement du cadre juridique fixé lors de sa création. En effet, le mécanisme avait été instauré par la loi NOME de 2010 comme un dispositif transitoire, avec une durée clairement bornée dans le temps. Ce caractère temporaire faisait également partie des équilibres négociés entre la France et la Commission européenne, afin que l’ARENH reste compatible avec les règles européennes sur les aides d’État

Pendant plus de dix ans, le tarif régulé fixé à 42€/MWh a donc donné aux consommateurs français de la visibilité sur une large partie de leur approvisionnement en électricité à un niveau de prix le plus souvent très compétitif. Mais les besoins de financement d’EDF ayant largement augmenté au fil du temps, l’État actionnaire s’est finalement résolu à ne pas prolonger ce mécanisme. 

En effet, EDF doit continuer à investir à la fois dans la remise à niveau de ses installations ainsi que de leur renouvellement. Le maintien de l’ARENH tel quel contraignait ses revenus et limitait sa capacité d’investissement

Mettre fin au dispositif permet donc à la fois de respecter les engagements européens, de clôturer un mécanisme conçu comme temporaire dès l’origine, et de redonner à EDF des marges de manœuvre financières

Un retour en arrière pour la concurrence 

Avec la disparition de ce dispositif, EDF retrouve un avantage structurel important lié à son parc nucléaire historique. Cette évolution qui se fait au détriment des consommateurs, modifie aussi les conditions de concurrence sur le marché, du moins tant qu’EDF ne dissociera pas son activité de production de celle de fournisseur. 

Post-ARENH : comprendre le Versement Nucléaire Universel (VNU) 

La fin de l’ARENH au 31 décembre 2025 marque un tournant pour le marché français de l’électricité. Pour lui succéder, l’État a prévu un nouveau dispositif, intégré à la Loi de Finances 2025 : le Versement Nucléaire Universel (VNU). 

Le rôle clé de la CRE… 

Avec la fin de l’ARENH, le marché de l’électricité entre dans une nouvelle phase où la transparence et l’équilibre économique deviennent essentiels. Et c’est là que la Commission de régulation de l’énergie (CRE) joue un rôle central. 

Le principe est clair : quand EDF vend son électricité nucléaire à des prix élevés (plus élevés que le seuil de 42€/MWh du mécanisme précédent), une partie des revenus supplémentaires est prélevée puis redistribuée aux clients finaux, quel que soit leur fournisseur. 

Ce prélèvement repose sur un calcul encadré par la CRE, qui publie tous les trois ans une estimation du coût complet de production du nucléaire. Il inclut : les charges d’exploitation (combustible, salaires, achats techniques, etc), les charges de capital (amortissements, rémunération des investissements, etc) et des ajustements spécifiques, comme le rattrapage lié à la réforme des retraites ou les charges de post-exploitation. 

Pour la période 2026-2028, ce coût est fixé à 47€/MWh auxquels s’ajoutent 13€/MWh de rémunération de coûts du capital, soit environ 60€/MWh.  

… et de l’État dans la fixation des seuils 

Les seuils du mécanisme VNU s’activeront selon la logique suivante : 

  • Entre +5 et +25€/MWh au-dessus du coût complet déterminé par la CRE : 50% des revenus excédentaires seront prélevés ; 
  • Puis, au-delà d’un second seuil, entre +35 et +55€/MWh au-dessus du coût complet, la part prélevée grimpe à 90%

Ces plafonds et taux sont encore en cours d’ajustement par décret, mais la logique est actée : lorsque les prix de marché s’envolent, EDF ne commencera à partager ses surprofits avec les consommateurs qu’à partir d’un niveau de prix élevé (soit dans l’hypothèse médiane : 75€/MWh pour un partage et 105€/MWh pour une répercussion à 90%). 

Le VNU est prévu pour entrer en vigueur en janvier 2026, mais plusieurs paramètres restent à définir. 

L’État doit en effet encore fixer les règles exactes de redistribution et les seuils à partir desquels les consommateurs commenceront à profiter des effets de prix de marché élevés. En effet, seules des fourchettes ont pour le moment été annoncées, et la fixation des montants finaux sera déterminante.  

Compte tenu des prix bas observé courant 2025 sur les marchés de gros (autour de 55€/MWh fin 2025), le mécanisme de VNU ne devrait de toute façon pas se déclencher en 2026.  

nouveau mécanisme VNU

Ce qui va changer pour les consommateurs à partir de 2026

À partir du 1er janvier 2026, les fournisseurs s’approvisionnent intégralement sur les marchés de gros (ou via leur propre production). Concrètement, cela change la façon dont les prix de détail, donc vos factures d’électricité, se forment.

Fin de l’accès régulé : 100% marché

Les achats se feront au fil du marché. Résultat : les offres des fournisseurs dépendront totalement des conditions de marché au moment où l’électricité est achetée ou couverte. 

Pour les consommateurs, l’ARENH ne permettra plus de lisser le signal de prix, signifiant des particuliers aux industriels, moins de visibilité et plus d’exposition aux variations du marché. 

Plus de volatilité

Avec la disparition du socle ARENH, les prix de gros deviennent la principale référence pour l’approvisionnement des fournisseurs. Cela signifie que les variations du marché, liées à la météo, à la demande, ou à la disponibilité des moyens de production (comme le nucléaire ou les énergies renouvelables), peuvent se refléter plus rapidement dans les offres des fournisseurs. 

Mais cela ne signifie pas une hausse automatique des prix. Tout dépendra des conditions de marché au moment de l’achat ou de la couverture. 

De nouveaux enjeux pour les fournisseurs 

La fin de l’ARENH devrait également faire évoluer le marché de la fourniture d’électricité. En effet, le nouveau système va faire croître de façon importante le montant des garanties financières nécessaires à l’approvisionnement en électricité sur le marché de gros. Dans ce contexte, les fournisseurs les plus solides et les plus établis, seront particulièrement bien positionnés pour proposer les meilleurs prix à leurs clients

C’est précisément le cas de la bellenergie. En tant que filiale à 100% du groupe Energie Steiermark, l’un des principaux fournisseurs d’énergie en Autriche, l’entreprise bénéficie d’une stabilité financière durable et d’une expertise reconnue. Cette appartenance lui donne les moyens de sécuriser ses approvisionnements et d’accompagner sereinement ses clients dans un marché en pleine évolution. 

Ce que cela signifie pour votre facture

Le Versement Nucléaire Universel (VNU) contraindra EDF en cas de situations de prix extrêmes sur les marchés à reverser une partie de ses revenus issus du nucléaires supérieurs aux seuils fixés par l’État aux consommateurs, sous la forme d’une réduction directement appliquée sur la facture d’électricité de tous les consommateurs, quel que soit leur fournisseur. 

Avec la fin de l’ARENH, les prix de l’électricité vont désormais essentiellement suivre l’évolution du marché. Mais rassurez-vous, en 2026, vos factures d’électricité ne devraient pas connaître de choc brutal, compte tenu des prix bas de marché actuel. C’est en tout cas ce qu’indiquait la CRE récemment.  

En résumé, si le nouveau système est largement moins protecteur pour les consommateurs, les conditions de prix anticipées pour 2026 rendent un impact visible à court terme peu probable.

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