Un marché de l’énergie en recomposition après la crise
Le rapport de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) sur le “Fonctionnement des marchés de détail français de l’électricité et du gaz naturel en 2023 et 2024”1 offre un éclairage précieux sur la manière dont les fournisseurs d’énergie, qu’ils soient historiques ou alternatifs, se partagent aujourd’hui le marché résidentiel. Après deux années marquées par une crise énergétique inédite, la CRE dresse un constat clair : si les mécanismes de protection ont permis d’amortir la hausse exceptionnelle de la part énergie dans les factures, ils ont aussi profondément modifié les comportements des consommateurs et la dynamique de la concurrence.
Comprendre cette évolution est essentiel : pour les consommateurs, qui retrouvent davantage de liberté de choix ; pour le marché, qui se rééquilibre après plusieurs années d’instabilité ; et pour les fournisseurs engagés, comme la bellenergie, qui portent des offres d’électricité 100% verte et française. Dans un contexte où la transparence, la lisibilité et l’origine de l’électricité deviennent des critères de plus en plus déterminants, analyser ces évolutions permet de mieux comprendre un marché qui se transforme.
Comprendre les acteurs du marché de l’électricité
Fournisseur historique d’électricité : qui est-il vraiment ?
Une création née de la nationalisation de 1946
En France, le fournisseur historique d’électricité est EDF, une entreprise née en 1946 lors de la loi de nationalisation de l’électricité et du gaz. À cette époque, des centaines d’acteurs privés assuraient la production, le transport et la distribution d’électricité, avec des tarifs très variables d’une région à l’autre. La création d’EDF répondait donc à un enjeu majeur : unifier et moderniser le réseau électrique, pour rendre l’électricité accessible au plus grand nombre.
Au fil des décennies, reconstruction d’après-guerre, grands chantiers industriels, période des “Trente Glorieuses”, puis développement du parc nucléaire à partir des années 1970, EDF a consolidé sa position de premier producteur et fournisseur d’électricité en France. Ce rôle historique explique en partie pourquoi beaucoup de consommateurs considèrent encore EDF comme « le fournisseur par défaut ».
Le Tarif Réglementé de Vente
Aujourd’hui, EDF reste le seul à proposer le Tarif Réglementé de Vente (TRV), un prix fixé par les pouvoirs publics. Mais ce statut particulier ne signifie pas que le fournisseur historique est le seul choix pertinent : depuis l’ouverture du marché à la concurrence, il existe des offres de marché proposées aussi bien par EDF que par les fournisseurs alternatifs.
Fournisseurs alternatifs : ceux qui dynamisent le marché
Les fournisseurs alternatifs sont apparus avec l’ouverture progressive du marché de l’énergie à la concurrence en 2007. Jusqu’alors, seuls les fournisseurs historiques (EDF pour l’électricité, Engie pour le gaz) pouvaient proposer des contrats d’énergie. La libéralisation a mis fin à ce monopole et a permis à de nouveaux acteurs d’entrer sur le marché : ce sont eux qu’on appelle les fournisseurs alternatifs, parce qu’ils offrent une véritable alternative aux fournisseurs historiques.
Des offres de marché plus libres et plus variées
Contrairement à EDF, qui peut encore commercialiser le tarif réglementé de vente (TRV), les fournisseurs alternatifs proposent uniquement des offres de marché. Le prix du kWh y est librement fixé : il peut être indexé sur le tarif réglementé (souvent avec une remise par rapport au TRV) ou fixe pendant une durée donnée. Cette liberté tarifaire leur permet de construire des offres plus variées, plus compétitives, et mieux adaptées à différents profils de consommation.
Comment les fournisseurs alternatifs ont transformé le marché
Depuis une dizaine d’années, ces acteurs ont largement contribué à faire bouger les lignes :
- Ils ont enrichi l’offre disponible : en introduisant des solutions nouvelles comme les offres vertes, l’autoconsommation, les contrats plus flexibles ou encore des outils numériques de suivi de consommation ;
- Ils ont relancé la concurrence : en proposant des alternatives concrètes au fournisseur historique, ils ont poussé tout le secteur à revoir ses pratiques, à ajuster ses prix et à innover davantage ;
- Ils ont apporté plus de transparence et de proximité : avec des offres plus lisibles, des engagements clairs et une relation client souvent plus agile.
Les données de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) montrent que cette dynamique n’est pas anecdotique : la part de marché des fournisseurs alternatifs en électricité résidentielle se situe désormais autour de 30%. En 2024, les fournisseurs alternatifs ont gagné 509 000 clients, plus que les fournisseurs historiques, qui en ont conquis 508 000. Autrement dit, de plus en plus de consommateurs utilisent réellement la liberté de choix qui leur a été donnée.

Même électricité, même réseau : seul le fournisseur change
Dernier point, souvent méconnu : quelle que soit l’offre choisie, l’électricité est la même et le réseau aussi. C’est toujours Enedis (ou une entreprise locale de distribution) qui gère le réseau, intervient en cas de panne et relève les compteurs. Changer de fournisseur ne modifie ni la qualité de l’énergie, ni la continuité d’alimentation : cela change seulement à qui vous payez votre facture… et le type de modèle que vous décidez de soutenir.
Chez la bellenergie, nous faisons partie de ces fournisseurs alternatifs qui utilisent cette liberté pour proposer une électricité 100% verte et française, avec des offres pensées pour être à la fois compréhensibles, cohérentes et alignées avec les attentes des consommateurs d’aujourd’hui.
Qu’est-ce que le marché de détail de l’électricité ?
Le marché de détail de l’électricité est l’espace où les fournisseurs vendent directement leurs offres aux consommateurs : particuliers, professionnels, collectivités. C’est ici que chacun choisit son contrat et les services associés.
Comment fonctionne ce marché ?
Concrètement, chaque fournisseur achète l’électricité sur le marché de gros, via des contrats de long terme ou en produisant une partie de son énergie. Il la revend ensuite aux clients finaux en y intégrant les coûts d’approvisionnement, les frais d’acheminement liés aux réseaux, les taxes et contributions, ainsi qu’une marge commerciale. Le réseau reste cependant le même pour tous : quel que soit le fournisseur choisi.
Au-delà du prix, les fournisseurs prennent également en charge la relation client : c’est eux qui gèrent la facturation, les démarches contractuelles et la relation client au quotidien.
La CRE suit de très près ce marché, car il reflète l’évolution des comportements d’achat, la diversité des offres et la dynamique concurrentielle entre fournisseurs historiques et alternatifs.
État des lieux 2023-2024 du marché de l’électricité
Sortie de crise : des dispositifs de protection majeurs
La période 2023-2024 marque un tournant après la crise énergétique de 2022-2023. Pour éviter que la hausse des coûts d’approvisionnement ne se traduise immédiatement sur les factures des ménages, les pouvoirs publics ont déployé des mesures de protection importantes (boucliers tarifaires).
Au total, 26,1 milliards d’euros ont été mobilisés pour soutenir les consommateurs entre 2022 et 2024. Ces mesures ont concerné 30,4 millions de foyers pour l’électricité, 6,2 millions pour le gaz, et 2 millions de petits professionnels dont l’activité dépendait fortement de l’énergie.
Concrètement, ces dispositifs ont permis d’amortir une grande partie de la hausse. Pour l’électricité, l’aide représentait en moyenne une baisse d’environ 40% du prix facturé, avec un seuil allant jusqu’à 161,8€/MWh TTC sur les offres aux tarifs réglementés, et une baisse de l’accise de 29,6€/MWh TTC.
Globalement, grâce à ces mesures, les factures d’énergie des Français ont bien moins augmenté que celles observées chez leurs voisins européens.
Une détente progressive des prix et ses effets
Après deux années de tensions, les prix de gros de l’électricité et du gaz ont enfin commencé à se détendre en 2023, puis plus nettement en 2024. Cette accalmie s’est traduite assez rapidement pour le gaz, au point de permettre la fin du bouclier tarifaire dès l’été 2023 mais plus progressivement pour l’électricité.
Les offres de marché d’électricité ont été les premières à bénéficier de cette baisse : dès janvier 2024, certaines étaient 17 à 23% moins chères que les TRVE selon la CRE, grâce à une chute marquée des coûts d’approvisionnement.
Les tarifs réglementés, eux, ont mis plus de temps à refléter la nouvelle donne. Leur mode de calcul repose sur un lissage sur plusieurs mois des prix de gros, un mécanisme utile pour amortir la crise, mais qui ralentit mécaniquement la baisse lorsqu’elle arrive. Résultat : alors que les prix du marché redescendaient, les TRVE ont encore connu deux hausses successives en 2023.
… mais un recul freiné par d’autres hausses
Même si la composante “énergie” des factures a diminué en 2024, la baisse ne s’est pas pleinement traduite sur les factures finales. Le rapport de la CRE rappelle que d’autres postes ont augmenté dans le même temps :
- Le retour de l’accise à son niveau d’avant-crise (après avoir été exceptionnellement réduite) ;
- La hausse des tarifs d’acheminement (TURPE) appliqués par les gestionnaires de réseau entre 2023 et 2025.

Reprise de la concurrence : des offres plus nombreuses et plus variées
Après un net ralentissement en 2022, le marché de l’électricité retrouve enfin de l’élan. Pendant la crise, l’incertitude avait presque figé l’offre : le choix des particuliers s’était réduit à une trentaine d’offres en électricité. Une diversité extrêmement limitée, en grande partie parce que de nombreux fournisseurs avaient suspendu leurs offres pour se protéger de la flambée des prix.
À fin 2024, le nombre d’offres disponibles à la souscription a plus que doublé, pour atteindre près de 70 offres destinées aux particuliers.
Cette reprise s’est faite par étapes. En 2023, l’effet “bouclier tarifaire” a conduit la majorité des fournisseurs à proposer surtout des offres indexées sur les TRVE, c’est-à-dire très proches des tarifs réglementés.
Mais en 2024, une nouvelle dynamique émerge clairement. Les fournisseurs, et en particulier les alternatifs, reviennent sur le terrain de l’innovation tarifaire avec un retour en force des offres à prix fixes garantis de la part de l’électricité, souvent nettement plus compétitives que les TRVE. Autre évolution marquante : les durées de prix fixes s’allongent. Près d’un quart de ces offres affichent une stabilité tarifaire de deux ans ou plus, une perspective rassurante pour les ménages qui veulent se protéger des fluctuations du marché.

Part de marché et comportements des consommateurs
Après deux années particulières, les comportements d’achat évoluent à nouveau. Pendant la crise, beaucoup de foyers se sont tournés vers des offres du fournisseur historique, considérées comme un refuge face à l’incertitude. Ce réflexe s’est prolongé alors même que, dès 2024, plusieurs offres de marché étaient entre 17% et 23% moins chères que les TRVE.
Mais la tendance s’inverse progressivement. Selon le rapport, la part de marché des fournisseurs alternatifs en électricité résidentielle remonte autour de 30% fin 2024, un niveau comparable à celui d’avant-crise, même s’il reste légèrement en retrait par rapport à fin 2021. La dynamique est donc de retour, mais elle se reconstruit pas à pas.
Un autre enseignement fort du rapport : les Français affinent leurs pratiques. Fin 2024, 2,2 millions de ménages avaient souscrit une offre reposant sur des signaux horaires avancés (Tempo, heures creuses week-end, options saisonnières et autres), soit un bond de +1,3 million depuis 2020.
Les consommateurs sont donc plus nombreux à exploiter les solutions permettant d’ajuster leur facture à leur mode de vie.
Et l’autoconsommation confirme son envol : plus de 650 000 foyers produisent leur propre électricité fin 2024, un chiffre qui a presque triplé en deux ans. Un signal fort, cohérent avec l’intérêt croissant pour une énergie plus maîtrisée.
Un cadre régulatoire renforcé pour restaurer la confiance
La CRE a renforcé son action sur trois fronts majeurs, avec un objectif clair : assainir durablement le marché de détail.
1. Plus de transparence grâce à 13 lignes directrices
Depuis octobre 2024, ces règles améliorent la lisibilité des offres : présentation plus claire, information harmonisée, meilleure visibilité des risques et des conditions contractuelles.
Pour les consommateurs, cela signifie des offres plus compréhensibles. Pour les fournisseurs engagés, comme la bellenergie, c’est l’occasion de valoriser une transparence déjà au cœur de nos pratiques.
2. Une régulation prudentielle pour stabiliser le marché
La CRE pousse désormais les fournisseurs à adopter des stratégies d’approvisionnement solides, afin d’éviter les défaillances ou les variations tarifaires brutales. Un « guichet à blanc » doit permettre aux acteurs de tester les modalités avant leur transposition dans le droit français.
3. Des contrôles renforcés sur la cohérence des offres
L’objectif : s’assurer qu’une offre correspond bien aux conditions économiques réelles dans lesquelles le fournisseur achète l’énergie. Une première synthèse de ces contrôles est attendue au premier semestre 2026.
Des sanctions pour abus du droit d’ARENH
En parallèle, trois fournisseurs ont été sanctionnés pour des pratiques jugées contraires au bon fonctionnement du marché (montants de 3 à 6 millions d’euros). Ces décisions rappellent la volonté de la CRE de protéger les consommateurs et d’assainir durablement la concurrence.
Les logiques derrière l’évolution
L’évolution du marché de l’électricité ne se résume pas à une confrontation entre fournisseurs historiques et alternatifs. La CRE montre que plusieurs mécanismes, économiques, comportementaux et réglementaires, transforment en profondeur la manière dont les consommateurs choisissent leur électricité. Voici les grands moteurs de cette évolution.
Pourquoi les fournisseurs alternatifs gagnent du terrain
Depuis la sortie de crise, les fournisseurs alternatifs ne progressent pas seulement parce qu’ils sont “moins chers”. Leur montée en puissance s’explique surtout par le fait qu’ils apportent ce que le marché n’offrait pas jusqu’ici :
Des offres plus innovantes
Le rapport de la CRE montre que 2024 marque le retour d’une vraie diversité d’offres. Les fournisseurs alternatifs ont su tirer parti de cette nouvelle dynamique en développant des offres à prix fixes garantis de la part de l’électricité plus compétitives, qui redonnent de la visibilité aux consommateurs et des formules pensées pour accompagner les nouveaux usages.
En clair, ce sont les alternatifs qui portent l’innovation : ils renouvellent les modèle et simplifient la lecture des contrats.
Une réactivité que les fournisseurs historiques n’ont pas
Les tarifs réglementés évoluent lentement, car ils intègrent les prix de gros avec plusieurs mois de décalage.
Les alternatifs, eux, peuvent adapter leurs offres beaucoup plus rapidement. Cette agilité répond à un besoin essentiel : dans un contexte où la facture reste un sujet sensible, les consommateurs veulent pouvoir reprendre la main rapidement.
Une réponse aux attentes sociétales
La transition énergétique n’est plus un simple sujet de débat : elle influence désormais les décisions réelles des consommateurs. De nombreux foyers cherchent une électricité qui ait du sens, qui corresponde à leurs valeurs, et qui leur permette de contribuer, à leur échelle, à un modèle plus durable.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la CRE observe une forte progression des souscriptions en offres vertes. En 2018, elles représentaient 38% des offres de marché souscrites par les particuliers ; fin 2024, elles atteignaient 64%.
Ce mouvement n’est pas anodin : il montre que les consommateurs ne veulent plus seulement “payer une facture”, mais donner une direction à leur consommation d’énergie. Transparence sur l’origine, cohérence avec les enjeux climatiques, accompagnement vers plus de sobriété… Ces critères prennent désormais autant de poids que le prix.
Et c’est dans cette dynamique que s’inscrit la bellenergie. Notre ambition : proposer une électricité provenant de sources renouvelables et d’origine française, accessible et compréhensible.
Le rôle des tarifs réglementés en pleine évolution
Les Tarifs Réglementés de Vente (TRV) jouent encore un rôle central, mais leur influence change de nature.
La disparition du TRV gaz en 2023 montre que ce modèle évolue. En électricité, le TRV existe toujours, mais il représente une part plus faible qu’il y a dix ans. La CRE souligne qu’une majorité croissante de foyers bascule vers des offres de marché (chez le fournisseur historique ou des fournisseurs alternatifs), preuve que le TRV n’est plus la norme automatique.
Lorsque le TRV se retrouve au-dessus des offres de marché, les consommateurs basculent massivement vers les alternatifs.

Conclusion & perspectives
L’analyse de la CRE montre une réalité encourageante : la concurrence repart, les offres se diversifient et les consommateurs reprennent progressivement la main sur leur facture. Dans ce contexte, les offres d’électricité renouvelable et française trouvent pleinement leur place : elles répondent à la fois à la recherche de stabilité, à l’exigence de transparence imposée par le nouveau cadre régulatoire, et à la demande croissante de sens dans les choix énergétiques. Pour beaucoup de foyers, choisir un fournisseur engagé devient un prolongement naturel de leur démarche de sobriété ou de transition personnelle.
Et maintenant, comment agir en tant que consommateur ?
Le marché se réinvente, et c’est une bonne nouvelle : cela signifie plus de choix, plus de marge de manœuvre, et davantage d’opportunités d’optimiser sa facture. La meilleure stratégie aujourd’hui consiste à :
- Comparer les offres, car les écarts de prix peuvent être significatifs, notamment entre les TRVE et les offres de marché ;
- Comprendre ce qui compose vraiment une facture d’électricité, repérer les éléments qui peuvent faire varier le prix (taxes, part énergie, abonnement), et identifier les différentes options tarifaires pour choisir celle qui correspond le mieux à son quotidien ;
- Choisir un fournisseur en cohérence avec ses valeurs, qu’il s’agisse de soutenir la transition énergétique ou de privilégier une relation client claire et accessible.
Si cette nouvelle phase du marché ouvre un champ des possibles, elle rappelle surtout une chose : l’électricité n’est pas seulement une facture, c’est un choix de société. Et chaque consommateur a désormais le pouvoir d’y contribuer.
Sources :