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La France produit trop d’électricité : que se passe-t-il vraiment ?

Publié le 7 mai 2025

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De la sobriété énergétique à la surproduction

Une consommation en recul 

Il y a quelques années encore, la France appelait à la sobriété énergétique pour traverser la crise. Aujourd’hui, c’est un tout autre défi qui s’impose : celui de gérer une surproduction d’électricité, difficile à écouler. 

La consommation électrique des Français connaît une baisse durable, résultat d’une prise de conscience collective, mais aussi de l’optimisation des équipements et des habitudes de consommation

Une production renouvelable en forte hausse

À cette tendance s’ajoute la montée en puissance des énergies renouvelables, notamment du solaire et de l’éolien, dont la production s’accélère au rythme des nouveaux raccordements et des conditions climatiques favorables. Par exemple, le 31 mars 2025 à 13h30, la production solaire a atteint un pic inédit de 18 GW.

Le cocktail de cette demande en recul et d’une offre en pleine expansion place le réseau face à une réalité inédite : gérer un afflux d’électricité plus important que les besoins nationaux, notamment autour de la mi-journée.

Un pilotage délicat des moyens de production

Il est tentant de juger les sources d’énergie en bloc — de décréter que le nucléaire est « bien », que le solaire est « propre », que l’éolien est « intermittent », ou que le gaz est « sale ». Mais dans la réalité du système électrique, les choses sont moins binaires. Ce qui compte, c’est le contexte : l’heure, la météo, la saison, le niveau de consommation. Autrement dit, c’est quand et une énergie est mobilisée qui en détermine la pertinence. Une centrale nucléaire qui tourne à vide un dimanche d’avril n’est pas plus efficace qu’un parc solaire coupé en plein midi faute de débouché.

Les conséquences de ce surplus d’électricité

Un défi inédit pour le système français

En France, la demande varie fortement selon les heures et les saisons : entre 30 GW dans un creux nocturne d’été, et près de 100 GW lors d’un pic hivernal à 19h. Pour répondre à cette demande fluctuante, les capacités de production doivent être ajustées en conséquence.

Mais avec le développement rapide des énergies renouvelables — notamment du solaire, très productif autour de la mi-journée — combiné à une production nucléaire structurellement élevée, la France fait désormais face à des épisodes fréquents de surproduction. À certaines heures, notamment autour de la mi-journée sous l’effet de l’essor du solaire, l’offre excède largement la demande. Résultat : les prix de l’électricité peuvent devenir négatifs, forçant parfois les producteurs à payer pour injecter leur énergie sur le réseau

Dans l’incapacité de stocker l’électricité en masse, la France doit exporter ses excédents vers ses voisins européens. Mais lorsque ceux-ci connaissent eux aussi un surplus, l’exportation devient un coût : les producteurs français doivent rémunérer les réseaux étrangers pour accepter leur électricité. Une situation inversée par rapport aux années précédentes, où l’export constituait une source de revenus importante. 

Surproduction d’électricité : un impact financier majeur pour le secteur

Après les craintes de pénurie en 2022, la France est confrontée en 2025 à une situation totalement opposée : un excès d’électricité. L’abondance de production solaire et éolienne, amplifiée par un printemps exceptionnellement ensoleillé, vient s’ajouter à une production nucléaire stable. Résultat : le réseau est parfois saturé, menaçant son équilibre. 

Ce déséquilibre pèse lourdement sur la santé financière des producteurs. Selon les estimations de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE), les pertes pour les producteurs ont été de 80 millions d’euros en 2024. À cela s’ajoutent les indemnisations versées par RTE pour ordonner l’arrêt temporaire de certains parcs éoliens et solaires afin d’éviter une surcharge du réseau — une mesure exceptionnelle mobilisée treize fois depuis mars 2025. 

Pourquoi ne peut-on pas stocker l’électricité ?

L’électricité est une énergie à la fois indispensable et capricieuse. Contrairement à d’autres formes d’énergie, elle ne se conserve pas facilement. Cette caractéristique impose de grandes contraintes pour gérer le réseau électrique, surtout à l’échelle nationale. 

Limites technologiques du stockage à grande échelle

Les solutions existantes — batteries, stations de transfert d’énergie par pompage (STEP), ou retenues hydroélectriques — jouent un rôle d’amortisseur mais restent limitées. Les STEP, par exemple, peuvent restituer environ 3 GW, une goutte d’eau à l’échelle des pics de consommation français qui atteignent jusqu’à 100 GW en hiver.

Les installations hydroélectriques avec retenues d’eau, qui jouent un rôle clé, ne suffisent pas non plus à compenser les variations instantanées de la production renouvelable, notamment solaire et éolienne. Le stockage est donc loin d’être une panacée pour lisser les pics de production ou de consommation

installations hydroélectriques

Des solutions pour mieux réguler la surproduction

Réformes des Heures Pleines / Heures Creuses

Historiquement, les Heures Creuses étaient principalement positionnées la nuit, lorsque la demande d’électricité était naturellement plus faible. Ce modèle, bien qu’efficace pendant des décennies, devient aujourd’hui inadapté face à la transformation du paysage énergétique français.

Dans ce contexte, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) prépare une refonte complète du dispositif « Heures Pleines / Heures Creuses », dans le cadre du projet TURPE 7, prévu pour être mis en œuvre au 2e semestre 2025. L’objectif ? Mieux répartir les consommations pour éviter les pics de tension sur le réseau et valoriser les périodes de surproduction. 

La réforme prévoit donc une nouvelle approche : conserver un minimum de 5 heures creuses nocturnes, tout en introduisant des créneaux tarifaires réduits en journée, plus en phase avec les nouveaux pics de production solaire.

Grâce à cette évolution, environ 90% des foyers bénéficiant d’offre Heures Pleines / Heures Creuses — contre 40% aujourd’hui — pourront accéder à deux plages horaires avantageuses, l’une la nuit, l’autre en journée. Cette flexibilité permettra aux consommateurs de décaler leurs usages énergivores (chauffe-eau, lave-linge, recharge de véhicules électriques, etc.) vers les moments où l’électricité est non seulement moins chère, mais aussi plus abondante. 

En savoir plus sur la formule Heures Pleines / Heures Creuses

Vous hésitez entre la formule Base ou Heures Pleines / Heures Creuses ? Découvrez les différences pour comprendre ces formules et choisir la plus adaptée à votre foyer. 👉 Lire l’article : Quelles différences entre la formule tarifaire Base et HP/HC ?
Chaque mois, la bellenergie vous accompagne directement sur votre facture en vous indiquant combien d’heures creuses vous avez consommé (si vous avez la formule HP/HC) et vous précise si cela est avantageux ou s’il serait plus intéressant pour vous de passer en formule tarifaire « Base ».

Déploiement du mécanisme d’ajustement

Une réforme prochaine va étendre le « mécanisme d’ajustement » aux parcs éoliens et solaires d’une capacité supérieure à 10 MW. Inspiré des systèmes déjà en place pour les centrales nucléaires et thermiques, ce dispositif permettra à RTE de réguler en temps réel la production renouvelable selon les besoins du réseau électrique. En cas de surplus menaçant l’équilibre, RTE pourra ainsi demander aux producteurs de réduire leur production, en privilégiant les options les plus économiques à moduler. 

Anticiper les écarts pour maintenir l’équilibre 

RTE appelle désormais les « responsables d’équilibre » à renforcer la précision de leurs prévisions de production et de consommation. Lorsqu’il existe un décalage trop important entre les estimations et la réalité, cela complique fortement la gestion du réseau et entraîne des interventions coûteuses de dernière minute pour maintenir la stabilité. 

Traditionnellement, les déséquilibres sur le réseau électrique français étaient plus fréquents en été. Cependant, selon des observations récentes, ces épisodes se manifestent désormais dès le mois de mars et pourraient perdurer jusqu’en juin. 

Ces leviers, combinés, offrent une réponse pragmatique et urgente à la complexité d’un système électrique en pleine transition. Ils témoignent aussi d’un impératif clair : adapter les modes de production et de consommation pour que la richesse produite par les renouvelables serve pleinement à notre société, sans fragiliser notre réseau. 

Transformer les défis en opportunités

La surproduction d’électricité en France en 2025 met en lumière les défis d’un système énergétique en plein changement. Cependant, cette situation offre également une opportunité unique de repenser notre modèle énergétique.  

En développant des solutions de stockage, en améliorant la flexibilité de la consommation et en renforçant la coordination entre production et demande, la France peut transformer ces défis en leviers pour une transition énergétique réussie.  

Des acteurs engagés, tels que le fournisseur d’électricité verte la bellenergie, jouent un rôle essentiel en accompagnant les consommateurs vers une utilisation plus responsable de l’énergie. En adoptant des pratiques de consommation éclairées, chacun peut contribuer à un avenir énergétique durable.


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