Le 7 février 2024, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) a publié le bilan électrique de la France pour l’année 2023. Concrètement, ce document permet de faire un état des lieux du système électrique français. Il étudie notamment la consommation et la production d’électricité sur le territoire. Alors, que faut-il retenir du rapport RTE 2023 ? Dans cet article, la bellenergie vous résume les grandes tendances de ce bilan et vous livre ses chiffres clés.
1 – Une consommation d’électricité qui poursuit sa baisse
Déjà amorcée en 2022, la baisse de la consommation d’électricité se confirme sur l’année 2023. En France métropolitaine, elle a atteint 445,4 TWh (térawattheure), soit une diminution de 3,2% (14,9 TWh), par rapport à l’année précédente. En comparaison avec la période d’avant crise sanitaire (2014-2019), la consommation d’électricité a baissé de 6,9%. Alors comment expliquer cette diminution ? Outre les effets long terme de la crise du COVID-19, la baisse de la consommation s’explique par 2 principaux facteurs :
- Les actions de sobriété énergétique : avec les craintes liées à la sécurité d’approvisionnement, le gouvernement a incité les consommateurs à mettre en place des actions d’économies d’énergie (baisse du chauffage de 1 °C, par exemple) pendant l’hiver 2022-2023.
- Le prix élevé de l’électricité : malgré le bouclier tarifaire, l’inflation et la hausse des factures d’électricité ont conduit tous les consommateurs à diminuer leur consommation énergétique.
A noter
Le 6 octobre 2022, le gouvernement a lancé un plan de sobriété énergétique. Il vise à encourager les particuliers et les entreprises à modifier leurs habitudes et leurs comportements. Avec ce plan, l’État entend réduire la consommation d’énergie de 10% en 2 ans (par rapport à l’année 2019)1.
2 – Une hausse de la production totale d’électricité
En 2023, le volume de production d’électricité a atteint 493,3 TWh, soit une hausse de 11% par rapport à 2022 (445,5 TWh). L’année 2022 avait été caractérisée par un niveau de production historiquement bas. Pour 2023, la hausse de la production s’explique par plusieurs éléments :
- Une meilleure disponibilité des réacteurs nucléaires (+41,5 TWh en comparaison à 2022) ;
- Une hausse de la production des énergies renouvelables (avec notamment +9,2 TWh pour la filière hydraulique et +15 TWh pour l’éolienne et le solaire).
Malgré une progression notable en 2023, la production d’électricité française reste inférieure à celle des années qui ont précédé les crises sanitaire et énergétique.
Quelle est la répartition des sources de production d’électricité en France ?
En 2023, la production s’est répartie entre les filières suivantes :
- Nucléaire : 64,8% (320,41 TWh) ;
- Hydraulique : 11,9% (58,77 TWh)
- Éolien : 10,2% (50,66 TWh) ;
- Thermique fossile : 6,6% (32,59 TWh) ;
- Solaire : 4,3% (21,46 TWh) ;
- Thermique renouvelable et déchets : 2,1% (10,36 TWh).
Production d’électricité par filière
3 – Le solaire et l’éolien terrestre progressent de manière inédite
Deux filières de production d’énergie renouvelable se démarquent dans le bilan RTE 2023 : l’éolien et le solaire. Sur cette année, elles représentaient 14,6% du mix électrique français.
- Grâce au développement du parc et des conditions météorologiques favorables, l’énergie éolienne terrestre a atteint un volume de production record en 2023 (48,7 TWh).
- De son côté, la production d’énergie solaire a connu une hausse de 16% (+3 TWh par rapport à 2022), grâce à l’augmentation de la capacité installée (+3,2 GW – gigawatt).
- Les autres filières de production d’électricité d’origine renouvelable ne sont pas en reste. Avec l’amélioration de la pluviométrie au printemps 2023, la production hydraulique a augmenté de 18%. L’énergie hydraulique garde ainsi sa place sur le podium : elle constitue la deuxième source de production d’électricité en France, derrière le nucléaire.
4 – Le parc thermique fossile de moins en moins sollicité
Si elles contribuent désormais activement à la sécurité d’approvisionnement en électricité, les énergies renouvelables permettent également de limiter le recours aux énergies fossiles (principalement le gaz et le charbon). En 2023, le volume de production thermique fossile, toutes filières confondues, atteignait 32,6 TWh, soit une baisse de 34% par rapport à 2022. Si le gaz est encore largement employé pour assurer la production d’électricité (30 TWh), le charbon disparaît progressivement (0,8 TWh) : il ne représentait plus que 0,17% de la production en 2023, contre 0,6% sur l’année précédente.
5 – Les émissions de gaz à effet de serre du système électrique atteignent un minimum historique
Avec 16,1 millions de tonnes équivalent CO2 en 2023, les émissions du système électrique français sont parmi les plus faibles d’Europe. Elles représentaient moins de 5% du bilan carbone national (contre 21% en moyenne dans l’Union européenne). Cela s’explique principalement par le fait que 92,2% de la production d’électricité en France était décarbonée en 2023. La baisse de la production d’électricité à partir du gaz ou du charbon contribue à améliorer ce résultat.
A savoir
En 2023, les émissions de gaz à effet de serre liées à la production d’électricité en France ont atteint leur niveau le plus faible depuis les années 50.
6 – La France, première exportatrice d’électricité en Europe
En 2022, la France avait importé plus d’électricité qu’elle n’en avait exporté. Le bilan RTE rappelle que cela n’était pas arrivé depuis 1980. En cause, la faible disponibilité du parc nucléaire (de nombreux réacteurs avait été mis à l’arrêt, souvent pour maintenance) et une baisse de la production hydraulique. En 2023, les capacités de production du système électrique français se sont améliorées. Résultat, la France a pu retrouver son rôle d’exportateur. Avec 50,1 TWh exportés sur l’année 2023, l’Hexagone était le premier exportateur d’électricité en Europe.
7 – Une baisse du prix de l’électricité sur le marché
Avec la crise énergétique, le prix de l’électricité sur les marchés avait atteint des sommets en 2022. L’an dernier, ce prix “spot” a connu une baisse significative : il est passé de 276 €/MWh (mégawattheure) en 2022 à 97 €/MWh en 2023. Le rapport RTE 2023 précise que cette diminution s’explique, là encore, par l’amélioration de la production nucléaire et hydraulique. Elle est également due à la baisse du prix du gaz, les deux marchés étant étroitement liés. Si les prix ont nettement baissé sur le marché, cela ne se ressent pas encore sur la facture d’électricité des consommateurs. En 2024, l’État français se prépare à la fin du bouclier tarifaire, prévue pour février 2025 : il commence à réaugmenter progressivement les taxes d’électricité, réduites depuis octobre 2021. Cela se traduit par une augmentation du prix de l’électricité le 1ᵉʳ février 2024.
En conclusion, le bilan électrique de la France fait état de la résilience du système électrique français, qui dispose désormais d’un nouvel équilibre : si la consommation tend à se réduire, la production d’électricité augmente, portée par toutes les filières décarbonées. Elles constituent des leviers incontournables pour l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050.
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1 Ce qu’il faut savoir sur le plan « sobriété énergétique » | gouvernement.fr
Source : RTE – Bilan électrique 2023, Analyses et données de l’électricité.