Particuliers Entreprises & Collectivités

Éolien en mer : la France accélère et passe le cap des 5 GW

Publié le 6 août 2025

Lire l'article

Le cap symbolique des 5 GW enfin franchi

Une étape clé vers un avenir énergétique plus durable

La France vient de franchir un cap important dans sa transition énergétique : plus de 5 gigawatts de puissance ont été attribués dans l’éolien en mer. Ce chiffre, au-delà de sa portée technique, symbolise un tournant. Il marque l’essor d’une filière longtemps restée à la traîne par rapport au reste de l’Europe.

Après plusieurs années de démarrage lent, le vent tourne : l’éolien en mer prend enfin son envol sur les côtes françaises. L’année 2024 s’est révélée particulièrement dynamique. Plus de 1 GW de nouvelles capacités ont été mises en service. Plusieurs projets majeurs ont également été attribués.

Pourquoi ce seuil est-il si important ?

Ce cap des 5 GW n’est pas qu’un symbole : il illustre concrètement l’accélération d’une politique énergétique ambitieuse. À l’horizon 2035, la France vise 18 GW installés, et 45 GW d’ici 2050. Soit de quoi couvrir plus de 20% de la consommation d’électricité nationale. En clair : l’éolien en mer a pour ambition de devenir la 2e source de production d’électricité du pays, juste derrière le nucléaire. 

Cette dynamique est essentielle pour répondre à trois grands défis : 

  • Réduire nos émissions de gaz à effet de serre, en ligne avec l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050. 
  • Renforcer notre indépendance énergétique, face aux incertitudes géopolitiques et à la volatilité des prix de l’énergie. 
  • Créer une filière industrielle française solide, capable de générer des emplois durables et d’exporter son savoir-faire. 

Ce cap symbolique des 5 GW est donc le signe que la transition énergétique française entre dans une nouvelle phase, plus concrète, plus rapide et plus ambitieuse. 

L’éolien en mer : une pièce maîtresse du mix électrique de demain 

Un pilier de la neutralité carbone

La transition énergétique française repose sur un objectif clair : atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cela signifie que toutes les émissions de gaz à effet de serre devront être compensées. Par exemple, grâce aux forêts ou aux technologies de capture du carbone. Pour y parvenir, la France doit produire une électricité toujours plus décarbonée. C’est dans ce contexte que l’éolien en mer joue un rôle clé.

En mer, les vents sont plus puissants et plus réguliers qu’à terre. Les éoliennes offshore, qu’elles soient posées sur le fond marin ou flottantes, présentent donc un fort potentiel de production d’énergie renouvelable. Elles complètent efficacement les autres sources comme le solaire ou l’hydraulique, tout en limitant l’occupation des espaces terrestres.

La France dispose du 2e gisement éolien en mer en Europe. L’éolien offshore est appelé à devenir l’un des piliers de la décarbonation de l’électricité.

Cette trajectoire s’inscrit dans le cadre des lois françaises sur l’énergie. La loi de transition énergétique (LTECV – 2015) et la loi énergie-climat (LEC – 2019), fixent des objectifs clairs : 33% d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale brute d’ici 2030, et 40% de la production d’électricité d’origine renouvelable

Complémentaire du nucléaire, moteur de souveraineté énergétique

Le nucléaire constitue la colonne vertébrale du mix électrique français. Mais il ne suffira pas à couvrir l’augmentation des besoins liée à l’électrification massive des usages (transports, chauffage, industrie). Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, il est indispensable de renforcer la part des énergies renouvelables dans le mix. 

Parmi elles, l’éolien en mer occupe une place stratégique. Grâce à des vents puissants et réguliers, il permet de produire une électricité décarbonée, stable et en grande quantité. Avec le développement des technologies flottantes, on peut désormais exploiter des zones plus éloignées des côtes. Cela permet de mieux valoriser le potentiel maritime unique de la France.

L’éolien offshore vient compléter naturellement le nucléaire. Il s’impose comme un levier essentiel de souveraineté énergétique, à la croisée des enjeux climatiques et géopolitiques.

Des objectifs clairs pour 2035 – 2050

Pour concrétiser ses ambitions de transition énergétique, la France s’appuie sur deux feuilles de route majeures. D’une part, la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) trace le chemin vers la neutralité carbone d’ici 2050. D’autre part, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) planifie, à moyen terme, la production et la consommation d’énergie. Elle tient compte à la fois des objectifs climatiques et des besoins propres à chaque territoire.

Dans cette logique, l’État renforce son soutien à l’éolien en mer. Il vise une capacité installée de 45 GW d’ici 2050.

En parallèle, la filière industrielle s’engage à quadrupler le nombre d’emplois directs et indirects liés à cette filière d’ici 2035, à mobiliser plus de 40 milliards d’euros d’investissements sur les quinze prochaines années, et à veiller à ce qu’au moins 50% de la valeur des projets soient générés localement, en s’appuyant sur les compétences, les infrastructures et les savoir-faire présents sur les territoires.

Cette dynamique s’appuie sur un calendrier d’appels d’offres réguliers, une planification territoriale rigoureuse et des investissements importants dans les infrastructures, notamment portuaires.

Éoliennes en mer

Une montée en puissance visible sur le terrain

Après des débuts plus lents que ses voisins européens, la France passe à la vitesse supérieure dans le développement de l’éolien en mer. Plusieurs parcs sont désormais en service, d’autres en construction, et de nombreux projets supplémentaires sont déjà attribués ou en cours de planification. Une dynamique qui illustre la volonté de faire de cette source d’énergie un pilier de la transition énergétique.

Des projets qui produisent déjà de l’électricité

La France a franchi une étape majeure dans le développement de l’éolien en mer, avec plusieurs parcs désormais opérationnels et injectant de l’électricité renouvelable sur le réseau national. 

  • Parc de Saint-Nazaire : Premier parc éolien en mer français, il est entièrement opérationnel depuis 2022. Composé de 80 éoliennes, il affiche une capacité installée de 480 MW ;
  • Parc de Fécamp : Situé au large de la Normandie, ce parc de 71 éoliennes a été inauguré en mai 2024. Avec une capacité de 497 MW, il peut alimenter en électricité plus de 770 000 personnes ;
  • Parc de Saint-Brieuc : Implanté en baie de Saint-Brieuc, ce parc a atteint sa pleine capacité opérationnelle en mai 2024. Composé de 62 éoliennes, il offre une puissance installée de 496 MW ; 
  • Provence-Grand-Large : Il se distingue en tant que premier projet pilote d’éolien flottant en France. Ce parc, mis en service en 2024, comprend 3 éoliennes flottantes de 8,4 MW chacune, totalisant une capacité installée de 25,2 MW. Il fournit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 45 000 habitants. 

Des chantiers en cours et des mises en service à venir

La dynamique de l’éolien en mer se poursuit avec plusieurs projets majeurs en construction ou en phase de développement avancé, répartis sur les façades maritimes françaises. 

Les parcs en construction 

  • Parc de Courseulles-sur-Mer (Calvados) : Situé à plus de 10 km des côtes du Bessin, ce parc de 448 MW comprendra 64 éoliennes de 7 MW. La mise en service est prévue pour 2025 ;
  • Parc de Dieppe – Le Tréport : Ce projet prévoit l’installation de 62 éoliennes de 8 MW chacune. La construction a débuté en janvier 2024, avec une mise en service prévue fin 2026. Le parc devrait produire environ 2 000 GWh par an, soit l’équivalent de la consommation électrique de 850 000 personnes ;
  • Parc de Yeu-Noirmoutier : Situé au large de la Vendée, ce parc en cours d’installation comprendra 61 éoliennes pour une puissance totale de 496 MW. Sa mise en service est prévue fin 2025. Il pourra alimenter en électricité environ 800 000 personnes ;
  • Projets pilotes flottants en Méditerranée
    • Leucate – Le Barcarès : Ce projet pilote comprend 3 éoliennes flottantes de 10 MW chacune, totalisant 30 MW. Il devrait être mis en service en 2025 ;
    • Gruissan – Eolmed : Situé au large de Gruissan, ce parc flottant de 3 éoliennes disposera d’une puissance totale de 30 MW. Une mise en service est prévue en 2025.

Projets attribués en phase d’autorisation ou d’études

À ce jour, plusieurs projets sont en cours d’attribution ou en phase d’études et d’autorisation. Voici quelques exemples de projets en cours : 

  • Parc de Dunkerque : Prévu au large des côtes du Nord, ce parc comptera jusqu’à 46 éoliennes implantées à plus de 10 km du littoral. Avec une capacité installée de 600 MW, il pourra alimenter environ 1 million de personnes. Sa mise en service est envisagée pour 2028 ;
  • Parc Centre Manche 1 : Situé au large de la Normandie, ce parc comptera environ 1 000 MW de puissance installée. Il pourra couvrir plus de 14% de la consommation électrique régionale, soit l’équivalent de 1,5 million d’habitants. Le début des travaux est prévu pour 2028, avec une mise en service en 2032 ;
  • Parc Bretagne Sud : Ce projet innovant d’éolien flottant au large de la Bretagne se compose de deux parcs, Bretagne Sud 1 et Bretagne Sud 2, totalisant une capacité installée de 600 à 800 MW. Le premier parc, d’une puissance de 250 MW, a été attribué en 2024 avec une mise en service prévue en 2031. Le second parc, d’une capacité maximale de 500 MW, est en cours de développement. 

Ces projets illustrent l’engagement de la France à diversifier son mix énergétique et à renforcer sa souveraineté énergétique, tout en stimulant l’économie locale et en créant des emplois durables. 

Carte de France de l'éolien en mer

Crédit : KPMG – Panorama de l’éolien français en mer

La place de la France en Europe

Un retard en passe d’être comblé

Longtemps à la traîne, la France accélère dans l’éolien en mer, bien décidée à rattraper son retard sur ses voisins. Alors que le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou encore l’Allemagne affichent depuis plusieurs années des parcs offshore de plusieurs gigawatts déjà en service, la France entame une montée en puissance notable. En 2024, elle franchit le cap symbolique de 1 GW de puissance installée, avec des projets comme Saint-Brieuc ou Fécamp désormais opérationnels. 

Mais l’élan ne fait que commencer. Grâce aux appels d’offres, ce sont 12,5 GW supplémentaires qui sont prévus d’ici les prochaines années.

Pour mesurer l’avancée, il faut regarder autour. Selon les derniers chiffres, en fin 2023, le Royaume-Uni avait une capacité cumulée de 14,8 GW d’éolien en mer installés. L’Allemagne frôlait les 9 GW, les Pays-Bas comptaient une puissance installée en mer d’environ 4,7 GW et la Belgique, pourtant plus petite, dépassait déjà les 2,2 GW

La France, avec ses 5,34 GW attribués au 1er janvier 2025, revient dans la course. La dynamique actuelle montre une volonté politique forte d’intégrer rapidement l’éolien en mer dans le mix énergétique français.

Le rôle clé de l’Union européenne

Face aux défis climatiques et industriels, l’Union européenne prend les devants. Depuis 2024, le Net-Zero Industry Act trace la voie vers une autonomie énergétique fondée sur l’innovation locale, tout en renforçant la position de l’Europe face à la compétition internationale. 

L’Europe vise une autonomie industrielle accrue. Son objectif : assurer d’ici 2030 40% de ses besoins en technologies propres grâce à une production locale, couvrant notamment l’éolien, le solaire, les batteries et les pompes à chaleur

Dans ce contexte, la France a une carte majeure à jouer. Grâce à ses ambitions en matière d’éolien offshore et à une stratégie déjà amorcée, elle peut pleinement s’inscrire dans cette nouvelle donne européenne, et contribuer à faire de l’Europe un moteur de l’innovation énergétique mondiale

Les défis à relever pour tenir le cap

L’adaptation du réseau électrique aux énergies renouvelables

L’intégration de l’éolien en mer dans le système électrique français ne se limite pas à une question de production : elle soulève aussi des défis d’équilibrage de plus en plus complexes. En effet, avec l’essor des énergies renouvelables variables, le réseau doit s’adapter à des situations où l’offre dépasse ponctuellement la demande, notamment lors des périodes d’abondance de production bas-carbone. Ces épisodes, autrefois rares, deviennent plus fréquents et marqués, notamment en milieu de journée ou le week-end, lorsque la consommation est faible.

Pour faire face à cette nouvelle réalité, le gestionnaire du réseau, RTE, met progressivement en place de nouveaux leviers permettant une meilleure coordination entre production et consommation. Parmi ces évolutions : la participation directe des parcs éoliens en mer au mécanisme d’ajustement du système électrique, rendue possible grâce à des amendements de leur dispositif de soutien. Et surtout, à compter du 1er janvier 2026, cette participation deviendra une obligation pour tous les parcs d’énergies renouvelables.

Ces évolutions réglementaires et opérationnelles visent à mieux piloter un système électrique devenu plus dynamique et plus sensible aux variations de la production.

Une pression économique croissante

Le développement de l’éolien en mer en France se heurte aujourd’hui à une pression économique importante. La hausse des coûts des matières premières, conjuguée à une inflation persistante, pèse lourdement sur la rentabilité des projets. Dans ce contexte, un soutien financier renforcé apparaît indispensable pour assurer la mise en service des nouvelles fermes offshore et garantir la viabilité à long terme de la filière. Par ailleurs, l’instabilité politique risque de freiner les décisions stratégiques, ralentissant les appels d’offres et menaçant la réalisation des objectifs fixés à l’horizon 2035 et 2050.

Accélérer le rythme de développement

Pendant plusieurs années, la capacité installée en éolien offshore est restée figée autour de 3 530 MW. Ce n’est qu’au début des années 2020 que de nouvelles allocations sont apparues, notamment avec 3 512 MW dédiés aux fermes pilotes flottantes. Les professionnels du secteur, réclament aujourd’hui un rythme annuel de 2 GW. Cet objectif doit néanmoins composer avec les défis techniques et industriels à relever. 

Ingénieur éolienne en mer

Les défis techniques des fondations offshore

Le choix des fondations des éoliennes est complexe et conditionné par la profondeur et la nature du fond marin. Pour les eaux peu profondes, les monopieux (grands tubes en acier) restent la solution privilégiée, efficace et éprouvée. En revanche, dans des eaux plus profondes, il faut recourir à des fondations plus complexes, comme les structures flottantes ou les fondations « jacket », composées de cadres métalliques en treillis. Ces dernières doivent supporter des contraintes environnementales extrêmes, telles que les vents violents, les courants marins et les vagues, tout en restant économiquement viables sur le long terme.

Le raccordement au réseau électrique, un enjeu logistique

L’acheminement de l’électricité produite en mer vers la terre repose sur des câbles sous-marins, lesquels doivent résister à la corrosion et être installés avec une précision extrême. Pour cela, l’opération mobilise des navires spécialisés dotés de systèmes de positionnement dynamique, afin d’éviter les zones sensibles sur le plan écologique. En effet, ce raccordement constitue une étape cruciale, qu’il faut absolument maîtriser pour assurer la fiabilité et la continuité de l’approvisionnement en électricité verte.

Maintenance en mer : un défi technique majeur

La maintenance des turbines en mer s’avère plus complexe et coûteuse que sur terre. L’accès aux installations dépend de conditions météorologiques parfois difficiles, impliquant l’utilisation de navires spécifiques, voire d’hélicoptères. Dans ce contexte, la maintenance prédictive, fondée sur la surveillance continue et l’analyse des données, s’impose comme un levier essentiel pour anticiper les pannes, réduire les coûts et limiter les interruptions de production.

Protéger l’environnement marin

Enfin, le développement des parcs éoliens en mer doit impérativement s’accompagner d’études rigoureuses sur leur impact environnemental. La préservation de la faune marine, des habitats sous-marins et des activités humaines comme la pêche est indispensable pour assurer l’acceptabilité sociale des projets et limiter les conflits locaux.

Sources :

Ça peut vous intéresser

Souscrire