L’année 2024 a marqué un tournant dans le paysage énergétique français. Après plusieurs années de défis, la production d’électricité a retrouvé des niveaux record. Selon le bilan annuel prévisionnel annoncé par RTE (Réseau de Transport d’Électricité), la France enregistre un total de 536,5 TWh produits, soit le niveau le plus élevé depuis 2019. Ce retour en force s’explique par un redressement de la production nucléaire, une hausse exceptionnelle de la production hydraulique et une croissance soutenue des énergies renouvelables. Voici les principaux enseignements de cette année remarquable pour le secteur électrique en France.
Une production nucléaire en forte hausse
Après une année 2022 marquée par une baisse historique de la production nucléaire (279 TWh), la filière a connu une véritable reprise en 2024, atteignant 361,7 TWh. Cette performance résulte de plusieurs facteurs :
- La fin des travaux de maintenance prolongés sur certains réacteurs ;
- L’amélioration des conditions d’exploitation des centrales ;
- Une gestion optimisée des périodes d’arrêt.
Cette augmentation a permis de stabiliser l’approvisionnement énergétique du pays, tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles.
Une année exceptionnelle pour la production hydraulique
La production hydraulique a atteint 74,7 TWh en 2024, un niveau inégalé depuis 2013. Cette performance s’explique par des conditions météorologiques favorables, notamment :
- Des précipitations abondantes durant les mois d’automne et d’hiver ;
- Une bonne gestion des réserves d’eau.
L’énergie hydraulique, qui représente une part significative de la production renouvelable, a joué un rôle crucial dans l’équilibre du réseau électrique, notamment lors des périodes de forte demande.
Un développement constant des énergies solaire et éolienne
Les énergies solaire et éolienne ont continué leur croissance en 2024, atteignant une production totale de 70 TWh, contre seulement 46 TWh en 2019. Cette progression résulte :
- D’une accélération des projets de parcs éoliens, notamment offshore ;
- D’une augmentation des installations photovoltaïques sur les toitures et les bâtiments industriels.
La production solaire a atteint à elle seule 23,3 TWh, dépassant pour la première fois la production issue des centrales fossiles.
Une baisse historique de la production fossile
La production d’électricité d’origine fossile a atteint son niveau le plus faible depuis les années 1950, avec seulement 19,9 TWh en 2024. Cette baisse est liée à plusieurs facteurs :
- La montée en puissance des énergies bas-carbone ;
- Une moindre sollicitation des centrales à gaz, dont la production a chuté à 17,4 TWh (contre 29,2 TWh en 2023) ;
- Le maintien à un niveau minimal de la production au charbon (0,7 TWh) et au fioul (1,8 TWh).
Cette réduction contribue fortement à la baisse de l’empreinte carbone du secteur énergétique français.
Une production électrique largement décarbonée
En 2024, la production d’électricité bas-carbone (regroupant nucléaire et renouvelables) a atteint 95% du total, confirmant le leadership de la France en matière de décarbonation. L’intensité carbone de la production d’électricité française a ainsi été réduite à 21,3 gCO₂eq/kWh, soit près d’un tiers de moins qu’en 2023. Il s’agit de l’une des intensités carbones les plus faibles au monde.
Cette performance contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre en France et à l’atteinte des objectifs climatiques nationaux et européens.
Des exportations électriques records
Grâce à une production excédentaire, la France a pu augmenter ses exportations nettes d’électricité vers les pays voisins, atteignant un niveau record de 89 TWh. Ces exportations renforcent la position de la France comme acteur clé du marché européen de l’énergie et permettent de soutenir la décarbonation des systèmes électriques d’autres pays.
Perspectives pour les années à venir
Les résultats de 2024 montrent que le système électrique français dispose des atouts nécessaires pour accompagner la transition énergétique. Toutefois, plusieurs défis restent à relever :
- La poursuite du développement des énergies renouvelables, afin d’atteindre les objectifs de neutralité carbone fixés pour 2050 ;
- La modernisation et la digitalisation des infrastructures électriques, pour améliorer la gestion du réseau face aux fluctuations de production et de consommation ;
- La réduction de la dépendance aux énergies fossiles dans d’autres secteurs de l’économie, tels que le transport et l’industrie.
Les données définitives de consommation, ajustées en fonction des aléas climatiques, seront publiées en février 2025 par RTE. Elles permettront de mieux comprendre les tendances de demande énergétique et d’ajuster les politiques publiques en conséquence.
L’année 2024 restera marquée par des records de production et une avancée majeure vers la décarbonation du mix électrique français. Le redressement de la filière nucléaire, la croissance des énergies renouvelables et la baisse historique de la production fossile sont autant de signes positifs pour l’avenir.
Grâce à une production électrique bas-carbone et des exportations records, la France consolide sa position de leader européen en matière de décarbonation et de sécurité énergétique.
Les défis à venir porteront sur la poursuite du développement des énergies renouvelables et l’amélioration des infrastructures pour assurer la résilience du réseau face à une demande énergétique en constante évolution.
Source RTE